Interview: Avec ou sans mors?


Interview : Avec ou sans mors ?

L’année dernière je vous avais présentée une ESOLUD autour du sans mors. Chacun y avait exprimé son expérience. J’ai donc décidé d’interroger trois youtubeuse /Bloggeuse sur leurs avis et expériences avec le sans mors, je leurs ai posé quelques questions. Je vous livre leurs réponse ici. Toute les trois sont très différente, vous trouverez peut être une histoire semblable à la votre chez chacune d’elle.
 Je m’appelle Eline, j'ai 18 ans, je possède mon galop 6 depuis 2011, je monte en club depuis environ 8 ans et je sors en compétition de CCE depuis 2010. J'ai participé aux championnats de France deux fois et j'ai eu plusieurs demi-pensions.

Je monte Bobby depuis avril 2013, c'est un connemara de 8 ans qui toise 1m47. C'est un poney très polyvalent avec beaucoup de potentiel, notamment en CSO. Il y  beaucoup de travail à faire en dressage avec lui car il connait à peine les bases.


Je suis Axelle, j’ai 21 ans, et 17 ans d’équitation derrière moi. Principalement cavalière de dressage et de concours complet. Je suis propriétaire depuis janvier 2012 de Star Malta, une pur sang anglais de 9 ans, réformée de course de steeple chase depuis ces 3 ans. Elle est reconvertie en cheval de complet.





Je suis née le 27 mai 1982 dans une famille de cavaliers. J'ai commencé l'équitation sur poney à 5 ans. A 13-14 ans, j'avais passé 7 premiers galops et voyant que je stagnais mes parents m'ont envoyé faire un stage avec leur ancien instructeur, qui avait été celui de mon grand-père (96 ans et ancien écuyer du cadre noir). C'est à ce moment là que j'ai réellement commencé à monter dans le respect du cheval et en légèreté. De 14 à 18 ans je travaillais des chevaux de propriétaires afin de les sortir en compétition (CSO, hunter, CCE et dressage). A 18 ans je suis passée en amateur et durant 1 an j'ai cherché un cheval. En juin 2001, mes parents m'ont acheté Generoso (PRE) avec lequel je suis sortie en amateur en CSO et CCE et jusqu'en pro 2 en dressage, ainsi qu'en spectacles. En 2002, j'ai passé mon galop 8 (sauf le CSO et cross), ainsi que le monitorat afin d'enseigner en cours particuliers et stages. En juin 2007, j'ai perdu ma "moitié" ce qui a faillit me faire arrêter le cheval. Fin décembre de la même année, mes parents m'ont acheté Esparo (PRE). Il était tellement à reprendre et n'aimait tellement pas travailler que je n'ai jamais pu sortir en compétitions ou spectacles. Mon cheval actuel, il s'appelle Esparver (dit Esparo). C'est un pur race espagnole, gris moucheté, hongre, de 19 ans, qui toise environ 1m62 au garrot.


Pense tu qu’un cheval puissent travailler aussi bien avec que sans mors ? 
Axelle : Si c'est le moyens qui lui convient oui, je pense que tout les chevaux peuvent très bien travailler et jusqu'à haut niveau peu importe le type d'embouchure, du moment que c'est ce qu'il lui faut et ce qui le rend le plus à l'aise
Véronique : Un cheval peut aussi bien être monté sans mors qu'avec, en fonction du travail demandé et du niveau du cavalier. Pour un travail simple et occasionnel, sur une monture calme et habituée, tout le monde peut monter sans mors. Cependant, dès que l'on pousse un peu plus loin nos exigences, il devient vite indispensable, sauf quelques exceptions (Clémence Faivre, Alizée Froment...) qui sont d'excellents cavaliers de dressage, maîtrisant à la perfection leur assiette, jambes et fonctionnement du cheval.
Eline : Oui je pense qu'un cheval peut aussi bien travailler avec ou sans mors. Tout dépend du niveau du cavalier, de ses "connaissances" sur la monte sans mors et du travail du cheval. Prenez l'exemple d'Andy Booth, quand on le regarde monter ses chevaux, c'est vraiment impressionnant, on voit que ses chevaux travaillent et sont totalement concentrés. Mais si on prend un cavalier avec un niveau lambda qui monte sans mors juste pour monter sans mors, et qui ne s'y connait pas ou qui ne sait pas comment travailler sur l'engagement d'un cheval, je trouve ça un peu "inutile" et à ce moment-là, le cheval ne travaille pas aussi bien qu'avec un mors.

Pense tu qu’un cheval puisse être monté avec les deux types "d'embouchure"?
Axelle : Pourquoi pas oui, comme nous ils ont leur humeur, un cheval qui bosse mieux au quotidien avec un mors peut avoir envie de changer de temps en temps et d'être plus allégé. C'est comme tout, il ne faut pas abuser, alterner de temps en temps peut permettre de casse la routine du cheval et aussi de voir d'une autre manière si le travail que l'on fait est efficace.
Véronique : Je pense en effet qu'un cheval peut-être monté avec et sans mors. Contrairement aux hommes, les animaux ont une sensibilité beaucoup plus développée, leur permettant ainsi une incroyable facilité d'adaptation. Mais attention, tous les chevaux ne coopèrent pas de la même façon et certains seront plus réticents que d'autres à travailler sans leur cadre habituel. De même pour de jeunes chevaux ou chevaux difficiles, je ne préconiserai pas l'usage du « sans mors ».
Eline : Oui je pense qu'un cheval peut être monté avec et sans mors ! Après je ne m'y connais pas à 100% dans la matière, mais je pense que celà peut être bien pour un peu "casser la routine" et varier le travail du cheval. Je pense aussi qu'il faut bien connaitre le cheval et y aller progressivement, par exemple on ne va pas partir directement en balade sans mors et sans rien directement alors que le cheval a toujours été monté en filet. Mais oui je pense que cela est totalement possible. Par contre il faut aussi s'y connaitre un minimum car pour ceux qui veulent monter sans mors, un peu en mode éthologie et tout (c'est un peu un phénomène de mode ces dernières années d'ailleurs). Il ne faut pas prendre ça à la légère car les effets d'un licol éthologique ou d'une cordelette ne sont pas anodins pour le cheval, il y a des points de pression sur le cheval et il faut donc se renseigner avant d'adopter ce style de monte.

A qui conseillerais tu le sans mors ?
Axelle : Je ne conseil à personne car pour moi ce n'est pas un outil qu'on choisit par envie ou mode, mais en fonction du cheval, après avoir vu un dentiste qui confirmerait d'éventuelles gênes du cheval, ou juste par évidence (un cheval qui serait pris des sacré coup de latte dans les dents par exemple et qui aurait du coup peur du mors, dans un but de rééducation douce)
Véronique : Je conseillerai le « sans mors » à tous les cavaliers, à partir du moment où cela reste une découverte, leur permettant d'enrichir leurs sensations équestres. Le « sans mors » n'est pas pour moi une fin en soit mais plutôt un moyen de changer ses perceptions et d'être plus à l'écoute de sa monture. Cependant, je ne pense pas que tous les cavaliers peuvent réellement et sans aucuns risques travailler correctement un cheval sans mors.
Eline : Je conseillerai la monte sans mors à des cavaliers expérimentés qui veulent "se rapprocher" de leur monture, développer un autre genre de complicité et tester une "autre forme" de monte, une autre approche et d'autres sensations. Et je la conseillerai idéalement à des cavaliers propriétaires ou des cavaliers qui connaissent bien le cheval qu'ils veulent monter sans mors. Evidemment, la monte sans mors ne s'adapte pas non plus à toutes les disciplines, je me vois mal partir sur une épreuve de cross sans un mors par exemple. Ainsi pour un cavalier complétiste il me semble difficile de monter constamment sans mors. Mais de temps en temps, sur d'autres disciplines telles que le saut, le plat ou la balade, pourquoi pas. Après on pourrait aussi envisager que des cavaliers débutants puissent monter sans mors, avec un side-pull par exemple et avec des chevaux habitués à ce type de monte. Je m'explique : cela éviterait à ces cavaliers débutants de se raccrocher à la bouche du cheval (cas fréquent) et ainsi se concentrer sur leur position et ainsi contourner le problème réccurent de "la bouche dure des chevaux de club". Finalement, après 1 ou 2 ans d'équitation, ils comprendraient qu'ils ne sont pas obligés de tirer comme des brutes pour arrêter un poney, et que l'action sur le mors se doit d'être modérée.

As-tu déjà essayé, quand à tu pensée ?
Axelle : J'ai déjà essayé, mais ce n'était absolument pas concluant. J'ai une jument qui a assimilé depuis très tôt (débourrée sous la selle à 18 mois pour les courses) le fait que le mors signifie le travail et le licol le repos. Elle a trouvé son confort comme ça, vu qu'elle est proche de l'homme et adore travailler, pour elle le mors n'est absolument pas une contrainte, elle vient d'elle même le prendre et trépigne toujours à aller bosser, ça la rassure en quelques sorte. Comme montrer la laisse au chien quoi. Et du coup à l'inverse du fait que pour elle le licol signifie le repos, elle panique et est perdue quand je tente de la faire travailler sans mors, elle ne comprend pas. En plus de ça elle supporte très mal les pression sur le chanfreins, j'ignore si c'est de la douleur ou une peur quelconque mais ce qui est sûr c'est que ce n'est pas une partie de plaisir pour elle, par exemple il m'est impossible de la longer en licol. Et du fait de notre discipline je ne préfère pas trop l'habituer, ma discipline (le CCE) nécessite quand même un fort contrôle par sécurité et de toute façon le sans mors n'y est pas admis. J'ai appris à composer en mors, en tentant d'agir au plus confortable: mains douce et mors adapté et ça nous convient bien comme ça.
Véronique : Sincèrement, je n'ai jamais réellement travaillé mon cheval sans mors. Il s'agissait plus de séances sur le plat ou sur des obstacles ne dépassant pas le mètre vingt. Pour moi, le travail sans mors doit rester de l'occasionnel car certes nous n'agissons pas sur la bouche du cheval mais sur son chanfrein, qui est tout aussi sensible aux actions de mains du cavalier. Faut-il réellement remplacer un mal par un autre mal, sous prétexte qu'il nous donne bonne conscience ?
Eline : Je n'ai jamais réellement monté sans mors (ni en licol, ni en cordelette, ni en liberté totale). Mis à part les fois ou on ramène les poneys au pré à cru et en licol chez une amie (ce n'est donc par du travail haha), ou alors juste une petite balade au pas ! De ce fait je n'ai pas vraiment d'avis. Mais je pense que ce n'est pas une mauvaise chose, c'est juste une approche différente de l'équitation dite "classique". Après, beaucoup de personnes qui pratiquent la monte sans mors critiquent le mors et ses actions. Sauf que, depuis la nuit des temps les cavaliers montent leur chevaux avec des mors (plus ou moins durs). Si les chevaux souffraient réelement, comme le prétendent certains de ces cavaliers, ils nous l'auraient fait savoir d'une manière ou d'une autre. Finalement, je pense que ce sont deux façons différentes d'aborder l'équitation, et toutes deux sont respectables si elles sont faites dans le respect de l'équidé.

Je remercie les trois filles qui ont participer, si tu le souhaite, tu peu toi aussi répondre au questions en commentaire.

1 commentaire:

  1. C'est super ce questionnaire ^^
    Moi perso j'ai souvent monté en licol quand je montais mon poney seule et que je me "baladais" dans le jardin ou pour le ramener du pré a cru. Et je trouve ça très bon pour progresser, surtout pour les jeunes cavaliers de club pour se libérer un peu des reines et penser surtout au corps.
    Après je pense que pour avancer et monter en niveau il faut l'utilisation d'un mors sinon on risque de ne pas être précis et ne pas réussir a demander les figures mais moi j'aime bien travailler en licol ou même cordelette, ça change un peu et ça laisse un peu plus de liberté au cheval. C'est agréable parce qu'on sent les points de pression qui marche ou pas, c'est très sensuel mais je le déconseil au débutant ou avec les chevaux de clubs qui sont toujours montés en filet : D

    RépondreSupprimer